Léon de Rosny (1837 – 1914) était un spécialiste de l’Asie, pionnier de l’étude du Japon. Sinisant de formation, il apprend le japonais et deviens en 1861 le premier enseignant de langue japonaise en France, à l’École Impériale des langues vivantes à Paris.En tant qu’ethnologue (professeur au collège de France) et linguiste ses recherches portent principalement sur les langues et civilisations asiatiques, mais il s’est aussi beaucoup intéressé aux civilisations de l’Amérique précolombienne.
En ce qui concerne le japon, son œuvre est considérable, essais sur la civilisation japonaise, études de grammaire, méthodes de conversation, de nombreuses traductions des classiques de la littérature japonaise, etc…
Après cette brève présentation du personnage, je voudrais parler d’un de ses ouvrages que j’ai lu récemment, intitulé “feuilles de momidzi” (lire “momiji”/紅葉qui signifie erable), dans lequel se trouve un court chapitre intitulé “le sasimi (sashimi/刺身) ou poisson cru, chef-d’ œuvre de la cuisine japonaise” (chapitre X, p183 dans l’édition de 1902).
Léon de Rosny avait dans sa jeunesse une petite villa japonaise près de paris, sur les bords de la marne, il y organisa un jour un diner japonais dans lequel le plat principal était du sashimi.
Lui même ne fut dans la préparation du plat que l’assistant, le chef pour l’occasion était un japonais, un certain “Yamataka seigneur d’ivami”. Après quelque recherches il semblerait qu’il s’agisse de Yamataka Nobutsura(山高信離)(1842-1907), qui aurait passé 2 ou 3ans à Paris, envoyé sur ordre du Shogunat pour représenter le japon lors de l’exposition universelle de Paris en 1867.
Léon de Rosny ne précise ni la date ni le lieu exacte des évènements, mais cependant il indique que “son excellence Yamataka seigneur d’Ivami, écrivit alors une inscription commémorative (…)” et qu’on pouvait la voir aux Corluis du Perreux jusqu’à l’invasion prussienne, elle fut alors détruite par un incendie.
Dans ce bref chapitre, voici comment il décrit la préparation du sashimi. Le seigneur Yamataka découpe dans le poisson, pêché du jour de fines tranches « aussi minces que du papier de riz». Ce poisson pêché du jour était il un poisson de rivière ? Une carpe peut-être ? En tous cas une fois les tranches découpées Yamataka lui demande de les lavées à de très nombreuses reprise dans l’eau froide pendant plusieurs heures. A ce sujet, on peut lire ici (cliquez ici) qu’une sorte de sashimi appelé « arai » (洗い) ce prépare de cette manière. Cette façon ne semble concerner que les poisson blanc, principalement la carpe (鯉) et le bar (スズキ), ce qui pourrait faire pensé que le poisson consommé ce jour là était une carpe pêché dans la Marne. Mais il semble que dans cette méthode on passe d’abord la chaire une minute dans de l’eau chaude à 50°C avant de les lavées à l’eau froide. Peut-être Leon de Rosny aurait oublié ce détail ? Quelles étaient les pratiques en matière de sashimi à la fin de l’époque d’Edo ? Le sujet mériterait une recherche plus approfondie pour être éclairci.
Il s’agit surement d’une des premières dégustations de sashimi en France, en ce qui concerne Léon de Rosny il fut conquis par le sashimi à tel point qu’il écrivît “c’était exquis ! Exquis, si plat le fut jamais”.
Sources:
– A propos de Yamataka Nobutsura liens 1, liens 2, liens 3
– Sur le sashimi
– Au sujet de Leon de Rosny
– Feuilles de Momidzi sur Gallica
1 comment
Pierre LEBOULLLEUX says:
fév 10, 2013
Je découvre tardivement votre article. Trois arrière-petits-enfants de Léon de Rosny écrivent un livre sur son euvre qui sera publié en 2014, centenaire de sa mort. Nous connaissons l’anecdote du sahimi mais n’avons pas pu retrouver trace de la maison du Perreux. Nous sommes prêts à échanger avec vousdes informations sur Rosny.
Cordialement.